Comprendre le Design Thinking (ou la méthode dite Design)

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Si vous êtes un amateur de décoration vous entendez souvent parler de divers objets dits “design”. Après avoir épluché des dizaines de magazines et de sites internet à ce sujet, vous connaissez vos classiques et vous pouvez en mettre plein la vue en parlant des différents mouvements qui ont marqué l’Histoire du Design et en quoi ils sont à l’image de la société de leur époque (ou encore vous avez simplement remarqué que certaines choses valent chères, vous vous êtes donc évertué à mémoriser les noms).

Autre contexte possible : vous vous intéressez à tout ce qui est entreprenariat et vous avez remarqué qu’un terme ressort constamment: le Design Thinking. Une méthode, une manière de penser applicable à n’importe quel projet pour arriver à des solutions pertinentes qui trouveront un écho chez vos utilisateurs car elles répondront à leurs besoins. Vous retrouvez ce terme absolument partout. Ce que vous en comprenez : le Design peut tout sauver, c’est un miracle !

Bon. Désolé de vous le dire mais ce n’est pas un miracle, par contre, c’est vraiment une méthode qui vous permet d’apprendre à générer des idées ainsi qu’à les tester et concrétiser en répondant à un besoin et non pas en en créant un.

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Comprendre le design

Pour être plus claire je vais grossir le trait. Les personnes travaillant ou étudiant en Design ont toujours envie d’aider les gens à simplifier les choses, à les guider sans encombre dans une démarche, à les soulager d’un poids ou encore à créer une expérience dont la personne ressortira meilleure.

Bref, le design c’est un peu l’envie de sauver le monde tout en gardant en tête les contraintes économiques. C’est constamment trouver des solutions pour que l’utilisateur soit autant gagnant que l’entreprise. C’est la recherche d’équilibre entre les problématiques des différents acteurs de la chaîne.

Un exemple simple : créer un produit alimentaire avec X ingrédient pour combattre des carences dont souffre X population. Ensuite créer un packaging dont les informations soient claires, plaisantes à voir, donnent envie d’acheter mais qui ne mentent pas sur le produit. La production du packaging doit rester dans les clous d’un point de vue financier. Il faut aussi concevoir le packaging pour qu’il n’emmerde pas la vie des personnes qui les mettent en rayon. Si en plus vous avez trouvé le moyen de réduire le gaspillage, revaloriser un produit, proposer un produit peu impactant sur l’environnement, on est sur un énorme BINGO.

Le Design c’est un système de création, il est donc présent dès la conception du produit.

Il m’est difficile de dissocier le Design du mot Valeurs ce qui explique les articles que vous avez pu voir passer traitant du dilemme des designers dans les entreprises où ils peuvent se demander s’ils créent des choses positives pour la société et non pas uniquement dans le but de rendre les utilisateurs addicts.

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Organiser et structurer le processus créatif

Pour revenir à la méthode du Design Thinking, ce n’est pas un terme qui était communément utilisé au début de mes études. Il a commencé à faire surface à la fin de mon cycle, ce qui m’a toujours laissé réfractaire à l’idée de l’utiliser pour qualifier mon diplôme. Je suis designer. J’ai un master en Design (et une spécialisation en design graphique).

Une méthode m’a été inculquée pour pouvoir créer un projet de sa non-existence à sa production. Avec le temps, je me permets même de la modifier pour qu’elle me convienne mieux et donc plus efficace. Cette méthode m’a permis d’apprendre à penser à l’utilisateur, à être méthodique dans mes recherches, et surtout à apprendre à générer des idées ! Si vous imaginez les personnes créatives attendant que l’inspiration tombe du ciel, sachez que cette méthode limite justement au maximum l’inconstance que peut présenter l’inspiration. (note personnelle: ne rien faire, flâner ou marcher pour trouver des idées sont aussi de bonnes méthodes et elles devraient être plus plébiscitées et surtout acceptées !)

Selon mon expérience, la méthode Design c’est constamment se remettre en question sur Pourquoi nous faisons ça, pour qui, comment ? Est-ce pertinent ? Est-ce compréhensible ? Est-ce utile ? C’est une manière d’aborder la création. Elle n’a finalement rien à voir avec l’art même si l’esthétique peut jouer un rôle.

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Une méthode en plusieurs étapes

La méthode Design que j’ai apprise et modifié dans le temps suit un cheminement en différentes étapes.

D’abord la recherche, étape cruciale pour s’assurer un projet sur de bonnes bases, où nous essayons de comprendre tout l’écosystème qui entoure notre sujet. Nous essayons de nous immerger pour comprendre les différentes problématiques. Beaucoup de lectures, d’interviews de personnes concernées à différents niveaux et aussi de l’observation sur le terrain.

Ensuite on analyse toutes ces informations pour déceler s’il y a des signaux faibles, c’est à dire des éléments à forts potentiels (et encore peu exploités). Les petits éléments qui nous font dire “Mmh, il y a sûrement quelque chose à faire avec ça !”. On ressort les grandes problématiques du secteur et on sélectionne la plus pertinente à laquelle répondra notre projet.

Vient la seconde phase où nous réfléchissons à des projets qui pourraient être imaginés pour répondre à cette problématique. L’idée est de sortir des sentiers battus et de générer le plus d’idées possibles sans penser budget, faisabilité, etc. On ouvre les perspectives ! C’est la phase la plus créative, celle qui demande le plus de se creuser les méninges. Ensuite, vous commencerez déjà à prototyper les différents projets de manière rapide pour voir les limites de chaque idée ainsi que ses possibilités. A ce stade, on pense large et non pas dans le détail.

A partir de là, une idée de projet ressort généralement du lot.

Vous passez à l’étape suivante où vous commencez à concrétiser réellement le projet, à ce qu’il ne soit pas au stade du prototype mais qu’il existe réellement. C’est le moment où on fait comme des boucles: on crée, on fait des tests avec des utilisateurs, on revient dessus pour améliorer. On peut avoir l’impression de voir la ligne d’arrivée s’éloigner de plus en plus à force de revenir sur le projet mais il faut garder le cap.

Pour m’éviter cette frustration, je préfère soit définir des petits laps de temps délimités au préalable où je travaille à fond un sujet (par exemple: demain j’ai fini X et X et c’est non négociable), soit j’avance en parallèle sur les différentes étapes de chaque projet pour voir les choses avancer.

L’important est de trouver la méthode qui vous convient pour ne pas passer 1 mois au lieu de 3 jours sur un sujet car vous revenez sans cesse dessus. D’où le besoin de choisir en amont la méthode avec laquelle vous souhaitez travailler. Notez les différentes deadlines personnelles et non pas celles du projet pour avoir une marge de manoeuvre. C’est important.

Le plus gros morceau est maintenant passé. Vous pouvez maintenant vous adonner à la dernière étape qui est celle de la finalisation. C’est comme ranger sa maison avant que des personnes viennent y passer quelques jours. On a envie que tout soit propre, les contours nets, les draps bien faits. Vous soignez les détails et vous passez la poussière même sur les étagères que vous ignorez habituellement. Vous rendez votre projet rutilant pour son lancement !


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En gros, on ne pond pas un projet de nulle part car il est né d’un besoin de différents acteurs du secteur. On a généré beaucoup d’idées, nous n’avons gardé que la plus forte. Ensuite, on ne fait pas un projet en entier en priant qu’il marche car on revient constamment dessus en le faisant tester.

 
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