Devenir designer graphique : mon parcours

 
 
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Il y a une question qui revient constamment dans les messages privés sur Instagram : comment fait-on pour devenir designer graphique ?

Cette question est très large et il n’y a pas de réponse absolue à vous donner : il y a divers moyens pour le devenir, que ce soit via des écoles publiques, privées ou encore des formations post-études dans le cadre d’une reconversion.

Néanmoins, ce dont je suis sûre c’est le parcours que j’ai moi même effectué ! 

Je vous propose donc aujourd’hui un article assez personnel et plutôt informel où je vous partage mon parcours avec tout ce que cela implique : questionnement, préjugés, changement de cap… Pour finalement devenir designer graphique en freelance !

Tout d’abord, avant de nous lancer dans le vif du sujet, laissez moi vous expliquer pourquoi j’utilise le terme “designer graphique” en majorité. Alors oui, il y a énormément de termes que je pourrais utiliser pour qualifier mon travail : graphiste, directrice artistique, brand designer, designer visuel… (à noter : tous ces termes ne sont pas synonymes les uns des autres donc ne les utilisez pas n’importe comment) Alors pourquoi est-ce que le plus souvent je m’arrête sur “designer graphique” ?

Pour deux raisons très simples : j’ai un bachelor en design graphique qui me donne le niveau “scolaire” d’un graphiste, et ensuite j’ai un master en design global, qui me donne le diplôme de designer. Les deux combinés, nous voilà avec un “designer graphique” :)

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Avant les études supérieures

Passons rapidement sur ce point car tout cela me semble assez lointain mais on me demande régulièrement comment j’ai su à l’époque que je voulais devenir graphiste.

Dès le collège j’ai montré une appétence pour le sujet, sans réussir à le verbaliser. Je codais des petits blogs en HTML et CSS et je passais un temps fou à créer des layouts (immondes) sur Paint Shop Pro puis Photoshop. 

Au lycée, j’ai choisi l’option Arts Plastiques qui ne me préparait pas du tout à un cursus de graphisme mais qui m’a par contre appris comment conceptualiser et argumenter des idées.

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Les études supérieures

— Choix de l’école : 

Pour mes études supérieures, je me suis dirigée vers l’Ecole de Design Nantes Atlantique. Cette école montrait plusieurs avantages à l’époque : j’habitais à Nantes, elle était toujours bien classée dans les classements annuels d’écoles de créa, leur taux d’insertion en entreprise après le diplôme était bon, et, cerise sur le gâteau pour moi : elle avait un partenariat avec une école où je voulais aller pour le semestre à l’étranger.

Il existait bien sûr d’autres écoles sur Nantes proposant un cursus bac+5 dans ce domaine mais les portes ouvertes et les épreuves d’admissions m’avaient plutôt donné envie d’aller à l’Ecole de Design Nantes Atlantique.

— Choix de la section :

En entrant dans cette école privée, j’avais envie de faire la section Produit et non la section Graphisme pour deux raisons : d’abord, malgré ma prédisposition pour le graphisme, je pensais que les graphistes étaient mal payés, et deuxièmement, moi qui avais passé mon lycée le nez dans des livres sur l’Histoire du Design, c’étaient surtout les designers produits qui étaient présentés. (C’est qu’elle était snob la petite Sibylle, haha)

Heureusement, je ne suis pas restée sur mes préjugés et après avoir fait le module de découverte de la section Produit, il était évident que je n’allais pas m’épanouir là dedans : j’ai détesté chaque seconde passée dans l’atelier maquette.

A l’inverse, travailler sur le module Graphisme a été une véritable source de joie. Je me sentais à ma place, heureuse de travailler sur des concepts graphiques. Les deux professeurs qui animaient le module (et qui se sont avérés être géniaux par la suite) m’ont encouragé à choisir cette voie.

C’est ce que j’ai fait, et je n’ai jamais regretté.

— Bachelor en design graphique :

Me voilà donc embarquée dans la section Graphisme. Rétrospectivement, je me rends compte à quel point j’ai eu raison de suivre là où je m’amusais le plus et non là où je pensais devoir aller. 

A ce moment-là, je rentre donc en deuxième année (puisque la première année est une mise à niveau).

Le bachelor est sur deux ans : la deuxième et troisième année.

Pour la partie technique nous apprenons les logiciels de la suite Adobe (Indesign, Illustrator, Photoshop) mais aussi un logiciel de 3D (3dsMax, que j’ai haï de tout mon être) mais le plus important de la formation est l’apprentissage de la méthodologie dite “Design”

C’est-à-dire comment avoir un process créatif délimité avec des étapes d’avancement et itérations définies. L’idée principale étant qu’avec cette méthodologie nous pourrions en théorie aborder n’importe quelle problématique de design et aboutir à un projet pertinent car ayant été basé sur de la recherche.

Ces deux années de bachelor étaient bien remplies : s’habituer à la méthodologie, aux outils, expérimenter graphiquement, chercher son style, essayer de développer des concepts graphiques marquants… Nous n’avons clairement pas chômé (vraiment, vraiment pas).

Pour être transparente avec vous, l’intensité du cursus combiné à la masse de travail à abattre a été très éprouvante moralement. La santé mentale n’était pas vraiment un sujet discuté en études supérieures à cette époque (en tout cas dans le privé ?) et la mentalité était plutôt du genre “Vous savez, ce sera pire lorsque vous serez dans le monde du travail, vous devez vous endurcir sinon vous serez mangé tout cru après votre diplôme”.

Une fois la troisième année réussie, j’allais rentrer dans une autre partie du cursus : 

— Master en design :

Ici, plus rien à voir. Votre section n’est plus en fonction de votre spécialité “technique” (graphisme, design d’espace, produit, …) mais en fonction de votre thématique de projet de fin d’études.

La section que j’avais choisie se nommait “Nouvelles Pratiques Alimentaires”, section pour réfléchir autour du futur de notre alimentation (changement climatique, réduction des déchets, végétarisme, manger localement…).

Personnellement j’ai choisi cette section car l’alimentation est intrinsèquement liée à la sociologie et à la psychologie.

Lorsque l’on est dans le cursus du master, l’idée est la suivante : nous avons appris une méthodologie de travail durant les années précédentes pouvant s’appliquer à n’importe quel projet. Qu’importe que l’on ait été en graphisme ou en design d’espace, nous ne devons plus nous limiter à nos anciennes spécialités. Nous sommes là pour innover et apprendre à gérer un projet pluridisciplinaire.

Par exemple, sur un projet de packaging en binôme, nous avons fait la partie recherche et problématique ensemble et lorsque nous avons défini les solutions possibles, nous nous sommes réparties la charge en fonction des compétences de chacune. Comme j’avais des compétences en graphisme, j’ai pris la partie création graphique, et ma binôme venant du cursus Produit, s’est occupée du moulage du packaging.

En gros : utilisez vos compétences pour trouver des solutions mais ne vous limitez pas à cela. Allez voir ailleurs si le projet le nécessite, posez des questions à des spécialistes. Ne restez pas dans votre bulle.

Pour mon projet de fin d’études, j’avais travaillé sur les petits commerces alimentaires de proximité indépendants comme les supérettes (bio ou non) dans le secteur de Nantes. Après un état des lieux retranscrit dans mon mémoire, j’ai proposé une solution low-tech et peu onéreuse pour permettre à ces commerces de simplifier les usages mais surtout de les mettre en avant collectivement. 


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Mon expérience professionnelle

Incroyable mais vrai, après 5 ans d’études me voilà diplômée ! Pendant plusieurs années j’ai continué à avoir des cauchemars de mon épreuve de diplôme 😅

A titre personnel, je me suis vraiment épanouie dans ma vie professionnelle plutôt qu’en études. Le fait d’avoir un impact immédiat et de ne pas être dans le prospectif m’a fait énormément de bien. 

— Graphiste Webdesigner dans le secteur de la mode et de l’e-commerce :

Avant d’être diplômée, j’ai eu la chance d’avoir une proposition de CDI de la part de l’entreprise où je faisais mon stage de fin d’études.

J’y ai passé 3 ans et j’ai appris énormément sur l’e-commerce, le secteur de la mode (l’entreprise était spécialisée sur ce créneau), mais aussi sur le travail en équipe.

En soit, nous avions chacun dans le pôle créa notre propre portefeuille de marques mais ce n’est pas pour cela que l’esprit d’équipe n’est pas présent. J’ai découvert la force du collectif, à quel point travailler avec des gens que l’on apprécie peut nous donner des ailes malgré les tempêtes.

Je garde encore aujourd’hui une amitié profonde pour les personnes rencontrées pendant ces années, et je pense que cela est une vraie chance. Travailler ensemble, qu’on se le dise, c’est avant tout une aventure humaine.

C’est grâce à cette expérience que j’ai su plus tard que je voudrais continuer à créer des relations sincères avec d’autres graphistes mais aussi avec mes clients.

A mon retour, après mon diplôme, ma binôme de l’époque a été mise sur un projet transverse. Je me suis donc retrouvée au bout de quelques mois à être seule sur mon portefeuille de marques puis à avoir des stagiaires.

Au début, c’était la panique : je ne me sentais pas à la hauteur de devoir gérer tout cela. Finalement, avec l’aide précieuse des autres membres de l’équipe créa et les encouragements de ma binôme, j’ai su grandir à travers cette expérience.

C’était assez fou maintenant que j’y pense !

— Designer graphique en freelance :

Et voilà bientôt 3 ans que je suis en freelance. Plus la date approche, moins j’arrive à y croire. 3 ans, déjà ! J’ai tellement évolué depuis que je me suis lancée.

Je ne m’étendrais pas beaucoup sur ce sujet du freelancing car j’ai déjà écris un article sur “Graphiste freelance : 5 leçons apprises en étant indépendant”.

Disons que c’est une aventure que je n’aurai pas pu imaginer.

En comparaison avec la personne que je suis maintenant, j’étais si timide lorsque j’étais en entreprise. Le freelance m’a permis de sortir de ma coquille, de ne jamais m’ennuyer avec des projets toujours différents. Parfois du print, parfois du digital, souvent les deux lorsque je travaille sur des identités visuelles et leurs déclinaisons.

Si on a l’audace suffisante (que l’on ne soupçonne même pas avoir souvent), on peut évoluer 3x plus vite grâce à la liberté de choisir ses clients et ses projets. Apprendre la relation client, apprendre à gérer une entreprise, apprendre à créer ses propres process… Tant de sujets qui peuvent faire peur mais qui permettent de grandir en tant que personne et designer.

Et voilà, maintenant vous savez (presque) tout de mon parcours :)

Il est le mien, avec ses avantages et inconvénients.

Comme je le disais en introduction de cet article, il n'y a pas de parcours-type pour devenir designer graphique. Ce parcours est le mien, avec ses avantages et inconvénients. Trouvez le parcours qui vous correspond et surtout, écoutez-vous !

On se revoit vite pour un nouvel article,

Sibylle

 
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Sibylle Schwerer