Une journée dans la vie d’un graphiste freelance

 
 
 

J’entends régulièrement la phrase suivante “Non mais toi c’est super, comme t’es freelance tu peux travailler quand tu veux”. Même si cela n’est pas fondamentalement faux, j’ai toujours un temps de flottement pour répondre car je n’ai pas l’impression de travailler “quand je veux”.

Dans le milieu de l’entreprenariat il y a plusieurs narrations différentes et contradictoires comme par exemple, celle de “travailler tout le temps, matin, jour, nuit, aller toujours plus loin, ne pas avoir de vacances depuis des années et se donner à fond quitte à se brûler les ailes”. Ce qui est l’exact opposé de la narration suivante que vous avez déjà dû entendre : “je travaille sous les cocotiers 2 jours par semaine, l’argent rentre facilement dans mon entreprise, quelle joie de voir 10k/mois rentrer dans les caisse sans faire d’effort”. Ma vie quotidienne ne correspond à aucune de ces narrations. Mais du coup, à quoi ressemble-t-elle ?

Bien entendu, il m’est plus simple que pour un salarié de pouvoir aller à des cours de yoga le midi / le soir car je n’ai personne pour regarder ce que je fais mais mon emploi du temps n’est pas excessivement flexible non plus. Il m’arrive d’aller me balader lorsque je n’ai pas de création / retours clients / devis / factures à faire mais cela est rarement anticipable, ces balades sont donc souvent solitaires et décidées à la dernière minute.

N’oublions pas un point : la gestion de la journée de travail se fait aussi en fonction des choix du freelance. Certaines personnes préfèrent se mettre à travailler très tôt, d’autres très tard… Cela dépend de chacun. Ce que je vous partage dans cet article n’est qu’un témoignage parmi d’autres, il ne montre pas La Bonne Manière de travailler. C’est simplement la mienne, avec ses avantages et inconvénients.

Alors, en général, c’est quoi ma journée de travail ?

Les plages horaires :

N’étant pas une adepte de miracle morning et ayant un très court temps de transport jusqu’à ma zone de travail (aka mon bureau dans le couloir à côté de ma cuisine), mon réveil sonne à 8h. En fonction du moment de l’année, je peux plus ou moins avoir du mal à me lever mais je suis 90% du temps en train de prendre mon petit déjeuner à 8h30. (Vous la sentez venir la vie fascinante et pleine de péripéties d’un freelance en télétravail ?)

J’ai essayé de garder à peu près le même rythme de travail pris lorsque je travaillais en entreprise où je faisais 9h30-18h30. Je prends donc place devant mon bureau aux alentours de 9h30 pour voir s’il y a des nouveaux mails, faire la to do list de la journée. En fonction des journées et des retours clients, je finis ma journée entre 18h et 19h à peu près. Bien entendu cela peut varier puisque parfois, concentrée dans une tâche, je ne vois pas l’heure tourner et soudain je découvre qu’il est 19h45. Néanmoins, je préfère finir plus tôt pour avoir une vie sociale après le travail puisque je passe beaucoup de temps seule.

Les différentes tâches à effectuer dans la journée :

Voici une liste non exhaustive de ce qui peut composer ma journée de travail.

👩‍🎨 Faire de la création graphique pure

La partie la plus fun du travail, celle où on se lance dans la création graphique au début du projet. On imagine souvent que c’est la majorité du travail des graphistes, pourtant ça ne l’est pas. La création pure est au début du projet, car ensuite nous passons aux modifications demandées par le client, ce qui est différent. Les plages horaires dédiées à de la création graphique sont des moments où j’ai personnellement besoin de silence et d’avoir un planning où je m’octroie plusieurs heures d’affilées sur un même sujet. Je suis absorbée par le projet, ma concentration est au maximum. Même écouter de la musique m’est difficile. L’avantage de travailler de chez moi est que je peux avoir des heures entières dans un silence complet pour créer dans les meilleures conditions. Ce genre de tâche est très, très chronophage mais n’arrive pas tous les jours dans mon planning puisque la plupart de mes projets durent généralement entre 1 à 6 mois, voire 1 an pour les plus gros.

🔩 Faire des modifications sur un projet client

Une fois la partie “création pure & dure” passée, les propositions graphiques sont envoyées au client, qui peut demander de faire des retours dessus. C’est une grande partie du métier de graphiste, même si ce n’est pas celle qui saute aux yeux des gens. Ces tâches là prennent beaucoup de place dans le planning car il arrive souvent (mais cela dépend avec quels types de clients le freelance travaille) qu’il y ait plusieurs salves de retours : d’abord ceux de la personne qui vous missionne et qui souhaite faire des modifications avant de le montrer à son N+1 ou N+2, puis ensuite les retours de ladite personne, puis les retours du pôle juridique… Bref, c’est aussi un gros morceau de mon planning.

🎨 Faire des déclinaisons de supports de communication

Une fois la création principale validée, il y a souvent des déclinaisons à créer. Elles peuvent être des déclinaisons sur d’autres supports (ex. identité visuelle validée donc on commence la création du site internet qui en découle), ou encore des déclinaisons pays (ex. version FR validée donc il faut décliner pour la version Italie)

📂 Préparation et exportation des fichiers

On y pense peu mais la préparation et l’exportation des fichiers, que ce soit pour les envoyer chez l’imprimeur, pour les donner au développeur ou encore pour fournir au client les éléments graphiques de son identité visuelle : ça prend beaucoup de temps !

📝 Faire des devis et des factures, des relances

Bien entendu, il y a dans le planning les tâches administratives : faire des devis, des factures, faire le point sur l’avancement des projets en cours, les déclarations à l’URSSAF, toute la partie en amont du devis où vous échangez avec le prospect pour parler du potentiel projet…

💌 Répondre aux mails

Vous ne serez pas surpris que répondre aux divers emails est un gros morceau du planning… Surtout qu’en général dans notre métier, recevoir un mail = avoir une action à faire derrière (faire une modification, exporter un fichier, …).

📸 Faire des visios

Que ce soit pour être briefé sur un projet ou pour parler à un prospect de son projet, la semaine est ponctuée de visios. Certains freelances ont aussi à prendre en compte les déplacements s’ils font des rendez-vous en physique, mais de mon côté, je fais tous mes rendez-vous en ligne.

🪄 S’occuper de la communication de l’entreprise

Dans un monde parfait, vous prévoyez dans votre semaine des créneaux pour faire la communication de votre entreprise. Il y a donc la partie création des visuels mais aussi la rédaction des légendes qui vont avec et la publication sur les différents canaux (ex. écrire un article, le mettre en ligne, trouver une photo, le partager sur Linkedin, faire le visuel pour Pinterest, le poster…).

🔭 Faire de la veille

Lorsque vous n’êtes pas en train de faire quelque chose de listé ci-dessus, vous serez sûrement en train de vous nourrir visuellement. Même probablement le faites-vous déjà sans même vous en rendre compte lorsque vous doom scrollez sur Instagram (vraiment une mine d’or pour découvrir de nouveaux artistes) ou sur Pinterest. Dans un monde idéal vous prenez le temps d’aller voir des expos, vous lirez des livres sur les théories du graphisme ou d’autres choses qui vous nourrissent dans votre pratique.

Un planning libre comme l’air ?

Comme vous pouvez le constater, être graphiste en freelance nécessite aussi de travailler sur la gestion de son entreprise en plus de son corps de métier. C’est pour cela que j’ai toujours un moment d’hésitation lorsqu’on me dit que je peux faire ce que je veux. Ce n’est pas faux, mais il y a toujours quelque chose à faire dans son entreprise. C’est un équilibre à trouver entre le temps que l’on souhaite allouer au travail et le temps que l’on souhaite consacrer à sa vie privée. Les règles se définissent par nous même et non via un employeur.

J’espère que cela vous aura aidé à mieux visualiser à quoi ressemble le quotidien d’un graphiste en freelance :)

N’hésitez pas à m’écrire si vous avez d’autres questions.

 
 
 
Sibylle Schwerer